Ma première rencontre avec Duralex. Verre de cantine par excellence, c’est à la cantine de l’école du Poan Ben à Morlaix, dans le Finistère, que j’ai rencontré mon premier Duralex.
T’as quel âge ? Tous les gamins l’ont dit les yeux rivés au chiffre au fond du verre. Souvent ravis de se grandir un peu. Une fois adulte, on n’est pas mécontent, en gardant une âme d’enfant, de dire « J’ai 17 ans ! ». Ce chiffre correspond en fait au numéro du moule dans lequel le verre a été coulé.
Latin. Duralex évoque la réputation de solidité du verre. Longtemps la publicité a exagéré sur le caractère incassable. Le verre est cassable, mais en petits morceaux, donc moins coupant que du verre ordinaire. Un argument marketing de plus pour les cantines.
Quand on connait les difficultés de l’entreprise on ne peut s’empêcher de compléter la citation : Duralex…sed lex ! Pour les non-latinistes : La loi est dure mais c’est la loi (du marché).
Modèle. Il existe de nombreux modèles de verres Duralex, transparents ou colorés. Le verre Picardie, un verre à facette, est connu. J’ai opté pour le modèle Gigogne (existe en trois formats) car il est rond comme un pot de peinture. C’est un bijou de design industriel, il a eu sa place au musée des arts décoratifs de Paris.
La peinture. J’utilise une peinture ordinaire de supermarché, acrylique ou glycéro qui adhère sur toutes les surfaces. Le verre aussi est ordinaire, pas du cristal, du fragile, précieux ou onéreux. En peignant le verre on lui ôte certes sa transparence, mais on renforce paradoxalement l’objet. Un objet usuel et banal qui, grâce à la peinture devient unique.
L’accident. Je peins depuis quatre ans par récréation. C’est mon sport quotidien, une heure chaque matin. Un jour, j’ai laissé un pinceau sécher dans un verre…Duralex. Le lendemain, j’ai continué à peindre l’intérieur. Et voilà. Depuis, j’ai du en peindre 300.
Les outils. J’ai laissé tomber le matériel « Beaux Arts ». Outre le verre, je peins sur toile avec la même peinture et des outils d’artisans plus que d’artistes : rouleaux, raclette de carreleur, riflard de maçon, taloche de plâtrier.
Sous influence. Je suis partagé entre l’Est et l’Ouest. L’Est des calligraphe chinois et japonais et l’idée de l’Unique trait de pinceau. L’Ouest des Américains de l’Action painting comme Pollock et cie.
Parfois je suis d’humeur joyeuse, parfois je ne suis pas de bon poil. C’est surtout ça la véritable influence.
Hommage. L’objet peint a vite dépassé le côté déco. L’histoire sociale de l’entreprise m’a touchée. Le verre se faisait rare en magasin, il devenait donc encore plus précieux. J’ai voulu rendre hommage aux ouvriers de Duralex, en leur disant « Les gars vous fabriquez un bien bel objet, merci, courage ! » Mais cela va au-delà, c’est un hommage au monde du labeur. Ce monde qui trime et qui trinque. On dépasse l’artistique pour le politique.
Le sort des ouvrières d’Arena m’a touché également. Mais je ne vais pour autant peindre des slips de bains et des bonnets !
Où en trouver ? Chez moi à Quimper, sur RDV en téléphonant au 02 98 90 74 36, jmpinson@free.fr